Pour faire émerger une nouvelle génération de chercheuses d’excellence, la Fondation L’Oréal, aux côtés de l’UNESCO, soutient chaque année de jeunes chercheuses dans plus de 110 pays au travers du Prix Jeunes Talents L’Oréal-UNESCO Pour les femmes et la science. En France, plus de 250 jeunes femmes ont à ce jour bénéficié de ce prix. En 2021, 21 doctorantes et 14 post-doctorantes sont distinguées parmi 740 candidatures par les membres du jury de sélection de l’Académie des sciences.
Parmi les 35 lauréates, la doctorante bordelaise Lucile Laulin est récompensée ce jeudi 7 octobre lors d'une cérémonie à Paris. Précisément, elles étaient 70 à recevoir leur prix cette année, comme Ida Tucker, ancienne doctorante de l'université et lauréate 2020, la cérémonie de l'an dernier ayant été reportée à cause de l'épidémie de Covid-19.
Actuellement en 3e année de doctorat à l’Institut de mathématiques de Bordeaux (IMB – CNRS, Bordeaux INP et université de Bordeaux), Lucile Laulin recevra une bourse de 15 000€ et bénéficiera d’une formation au leadership (management, négociation, prise de parole en public…).
La marche aléatoire de l’éléphant
Passionnée par les mathématiques dès son plus jeune âge, elle ne pouvait imaginer une carrière sans rapport avec sa matière de prédilection.
Originaire de Bordeaux, elle y fait ses classes préparatoires mathématiques et physiques avant d’intégrer le magistère de mathématiques de l’École Normale Supérieure de Rennes. Admise sur dossier alors que l’établissement est souvent associé à un concours d’entrée complexe, elle loue cette deuxième voie, « comme une réelle chance qu’il faut absolument promouvoir ».
Alors qu’elle visait l’agrégation afin de devenir enseignante, des stages d’initiation à la recherche la captivent. « Le concept de recherche en mathématiques étonne, mais la recherche fondamentale est aussi importante que la recherche appliquée », rappelle la mathématicienne.
Pour sa thèse en probabilités, ses travaux portent sur la marche aléatoire de l’éléphant ou l’étude après un temps long d’un phénomène aléatoire dont le comportement dépend fortement d’un paramètre de mémoire. Les processus de marche aléatoire apparaissant dans de nombreuses applications, du mouvement des particules de pollen à l’algorithme de Google, il est essentiel de comprendre leur fonctionnement.
Très attachée à la transmission, j’aime partager ma passion : l’enseignement m’enthousiasme ainsi autant que la recherche.
L’enseignement restant l’une de ses vocations, Lucile Laulin continue d’encadrer des projets d’étudiants afin d’accompagner les jeunes dans leur envie de poursuivre une carrière scientifique, notamment dans les mathématiques. La recherche en mathématiques est pour elle synonyme de liberté, ne serait-ce que par la simplicité des outils nécessaires : « Il suffit d’un crayon, d’une feuille et de quelques livres pour travailler. »
Pour Lucile Laulin, l’absence de femmes parmi les enseignants ou examinateurs peut être « déstabilisante ». Ainsi, elle tient à participer à des évènements de promotion des mathématiques auprès de jeunes femmes : « En leur montrant qu’il y a des femmes dans les mathématiques, elles comprendront qu’elles ont leur place et nous pourrons changer les choses. »